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La
levée du Liège
Il
s'agit d'une opération cruciale puisque
c'est elle qui permet de récolter
le liège : la levée est un
peu au chêne-liège ce que l'abattage
est aux autres essences forestières.
Avec une nuance, c'est que la levée du
liège n'entraîne pas la mort de
l'arbre, du moins si celle-ci est effectuée
selon les règles de l'art. On distingue
:
- le
démasclage : il s'agit de
la récolte du liège mâle.
On dit alors que l'arbre est mis en production,
puisque le liège mâle, sans valeur,
est retiré afin que se développe
du liège femelle économiquement
intéressant car bouchonnable.
-
la levée
: on parle de levée pour la
récolte du liège femelle uniquement.
Pour simplifier, il est possible d'employer
le terme générique d'écorçage,
sans distinction entre liège mâle
et femelle, puisque les deux opérations
sont en général simultanées
sur une même parcelle (les jeunes chênes-lièges
sont démasclés en même temps
que l'on lève ceux déjà mis en production auparavant).
Les outils :
L'écorçage
reste une opération manuelle qui ne doit
être exécutée que par des
mains expertes. Le leveur a pour cela un hache
spéciale, au tranchant très fin
et au manche biseauté.
On distingue :
- la hache catalane au tranchant droit,
utilisée en France, en Espagne et en Italie.
- la hache Portugaise au tranchant arrondi, utilisée au Portugal.
- la hache Extremeña en demi lune, utilisée en Espagne.
Déroulement des opérations :
1 - Premièrement,
le leveur fait le tour de l'arbre afin de juger
si celui-ci est exploitable ou non. En effet,
si l'état phytosanitaire du chêne-liège
est mauvais (défoliation, blessures,
attaque parasitaire
), la circulation de
sève sera ralentie et le liège
ne se décollera pas du tronc.
2 - Si
l'arbre est visuellement jugé apte à
être écorcé, le leveur essaye
de décoller le liège à
divers endroits du tronc, au niveau des fentes
naturelles du liège, pour voir si celui-ci
se décolle effectivement (on dit qu'il
teste l'arbre). Si le décollement ne
pose pas de problème, le leveur peut
alors préparer l'écorçage
proprement dit en nettoyant au préalable
rapidement autour du pied de l'arbre afin de
faciliter la séparation du talon (partie
de la planche de liège la plus proche
du sol). L'opération commence alors.
3 - Le leveur réalise en premier lieu la
couronne. Il fait une découpe circulaire
à la hauteur souhaitée : une hausse
est en général effectuée
afin d'augmenter la production future de liège
femelle.
Il existe là aussi deux façons
de réaliser la couronne : en biseau (Catalogne,
France), ou droite (Portugal, sud de l'Espagne).
4 - Le
tronc est cylindrique et il faut donc découper
le liège en planches (2, 3, voire plus
pour les chênes-lièges les plus
gros) afin de faciliter à la fois le
transport et la transformation. Le leveur essaie
d'utiliser les fentes naturelles du liège
pour réaliser ces coupes verticales,
en faisant tourner la hache pour décoller
le liège. De l'habilité de l'écorceur
à effectuer des fentes appropriées
dépendra en grande partie la rapidité
du décollement et l'obtention de planches
aux dimensions optimales, sans cassures.
5 - Vient
alors le décollement proprement dit :
le leveur utilise pour cela le manche biseauté
de sa hache qu'il introduit dans les fentes
préétablies, entre le liège
et la mère, pour effectuer un mouvement
de levier et séparer la planche du tronc,
en commençant par le haut afin de la
décoller sur toute sa longueur jusqu'au
pied, sans la casser.
C'est l'opération la plus délicate,
car si lors des découpes précédentes
un coup de hache dans la mère est toujours
possible, il ne s'agira somme toute que d'une
blessure superficielle et cicatrisable, alors
qu'un décollement mal effectué
peut quant à lui causer des arrachages
de la mère sur des parties parfois importantes
du tronc, autrement plus dramatiques pour la
production future de liège et pour la
survie de l'arbre en général.
coup
de hache |
gros
arrachage de la mère |
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